La voiture nuit gravement à la santé

Ce 11 janvier, veille de l’ouverture du Salon de l’auto, des groupes d’activistes ont réalisé des opérations de « surcollage » sur des publicités automobiles, rappelant que, à l’instar de la cigarette, « la voiture tue ».

La Fédération Inter-Environnement Wallonie considère ce rappel nécessaire, voire indispensable, en cette période de célébration nationale de l’automobile. Tout dérangeant que puisse paraître ce message, il constitue un constat indéniable. 732 personnes ont perdu la vie sur les routes belges en 2015 (et 4.201 y étaient gravement blessées, dont la plupart garderont des séquelles à vie) [1]. Plus de 2.400 personnes décèdent chaque année des suites de la pollution de l’air (et des milliers en souffrent quotidiennement, comme les personnes atteintes de maladies respiratoires). L’exposition au bruit routier induit plus de 200 morts par an (et dégrade fortement la qualité de vie de milliers de personnes). C’est donc à plus de 3.500 morts par an que s’élève le nombre de victimes du système de transports actuel – ceci sans compter les effets délétères du manque d’activités physiques qu’induit une utilisation excessive de la voiture.

L’organisation actuelle de nos sociétés impose à beaucoup de citoyens l’utilisation de la voiture créant, notamment par l’aménagement du territoire, une véritable « dépendance automobile ». L’omniprésence de celle-ci dans l’imaginaire collectif [2] nous amène toutefois à en faire une utilisation totalement irraisonnée. Tant par rapport au nombre de kilomètres roulés qu’au nombre de véhicules en circulation ou encore à leurs caractéristiques (la dérive vers des véhicules plus lourds, plus puissants, plus rapides, plus agressifs est lourde de conséquences sur la santé, la sécurité routière et l’environnement ; il conviendrait d’y mettre fin) [3]. La voiture doit être considérée comme ce qu’elle est intrinsèquement : un objet utilitaire aux nombreux effets secondaires négatifs, à utiliser avec modération.

Le matériel publicitaire présente néanmoins la voiture comme un objet de fantasme, évitant toute allusion à ses effets négatifs sur l’environnement, la santé et l’intégrité physique des personnes : « Rebonjour pulsation », « Belle et rebelle », « Ne laissez personne indifférent », … quelques slogans glanés dans le catalogue officiel du Salon suffisent à s’en convaincre. Il est grand temps d’appliquer à l’automobile l’approche raisonnée qui prévaut pour d’autres produits qui nuisent à la santé. Notre Fédération d’associations d’environnement réitère donc avec force sa demande de 2008  [4] : l’interdiction totale de publicité pour les modes de transport les plus polluants – dont la voiture fait indéniablement partie.

Contacts

Alain Geerts,
Pierre Courbe, chargé de mission mobilité : 081/390.759 – 0474/923.617 – p.courbe@iew.be


(1) IBSR, 8 personnes sur 10 blessées dans un accident de la route ne s’en remettent jamais complètement, Communiqué de presse, 20/11/2016. (retour au texte)

[2] Comme le souligne très justement Pierre Lannoy, sociologue à l’ULB : « il n’y a pas 5,7 millions de voitures en Belgique, mais 100 ou 1.000 fois plus : des murs des villes jusqu’à nos salons, elles sont partout ».(retour au texte)

[3] Voir à ce sujet le dossier LISA Car disponible sur www.lisacar.eu(retour au texte)

[4] Dans le cadre de sa position relative à la publicité : http://www.iew.be/IMG/pdf/CEF_VX_jd_081103_Position_Publicite.pdf(retour au texte)