Dans l’espace public, une voiture lourde, puissante, rapide, avec une face avant « carrée », représente un plus grand danger qu’une voiture plus modeste, moins lourde, moins puissante, moins rapide, au profil plus fluide. Ceci tient tant à la dangerosité intrinsèque que ces caractéristiques confèrent au véhicule qu’aux comportements à risque qu’elles induisent chez le conducteur. Par ailleurs, une telle voiture consomme plus d’énergie et, partant, rejette plus de gaz à effet de serre et de polluants locaux. Ces faits sont largement documentés.
La dynamique actuelle du marché automobile est favorable aux véhicules présentant de telles caractéristiques. Seules des considérations relatives aux intérêts financiers à court terme du secteur de la construction automobile peuvent « justifier » le maintien de ces tendances. Ne pas les contrer, c’est se priver d’un moyen essentiel d’améliorer l’indécent bilan social et environnemental du trafic routier.
730 tués, 4.200 blessés graves et plus de 2.300 morts du fait de la pollution de l’air : tel est l’effroyable carnage que produit chaque année le trafic routier sur les seules routes belges. Pour y porter efficacement remède, il convient de moraliser le débat, de placer en son cœur des valeurs aujourd’hui reléguées au second plan lorsque l’on traite de la conception des voitures : protection de la santé et de l’intégrité physique des personnes, protection de l’environnement.
C’est animés de ces valeurs et sur base d’une synthèse des connaissances scientifiques ainsi que d’une analyse des aspects culturels, économiques, moraux et politiques que les auteurs du présent dossier développent un plaidoyer pour la mise en place d’un cadre réglementaire strict. La masse, la puissance, la vitesse de pointe et la conception de la face avant des voitures doivent être réglementés afin de limiter leur dangerosité et leurs émissions de CO2 et de polluants. Tel est l’objectif poursuivi par les partenaires du projet LISA Car (light and safe car : voiture légère et sûre).